Violations de données personnelles : 2024 est une année noire

Les chiffres sont tombés, et ils font froid dans le dos : l’année 2024 a été marquée par une explosion des violations de données en France. Selon le dernier rapport annuel de la CNIL, les signalements ont augmenté de 20 %, et les sanctions ont plus que doublé. Une réalité qui met en lumière l’urgence de renforcer la gouvernance des données personnelles dans tous les secteurs. Mais au-delà des chiffres, ce que révèle ce rapport, c’est un changement de paradigme : la protection des données n’est plus un simple enjeu juridique — c’est devenu un impératif de sécurité nationale, de confiance client et de résilience organisationnelle.

1. Une année de ruptures pour la régulation numérique

Des plaintes toujours plus nombreuses

En 2024, la CNIL a traité 17 772 plaintes — un record, en hausse de 8 % par rapport à 2023. Ce chiffre, en constante augmentation depuis plusieurs années, traduit une meilleure connaissance du RGPD par les citoyens, mais aussi une défiance croissante envers la manière dont les entreprises et administrations gèrent les données.

Des violations de données de plus en plus massives

La CNIL a enregistré 5 629 notifications de violations de données personnelles, tous secteurs confondus. C’est une hausse de 20 %, qui s’inscrit dans une tendance déjà observée l’année précédente (+14 %). Ce qui frappe surtout, c’est la part grandissante des attaques dites « de grande ampleur » : en 2024, une quarantaine d’incidents ont touché plus d’un million de personnes chacun, soit le double de l’année précédente.

Ces violations ont concerné des acteurs majeurs du quotidien : France Travail, Cultura, Boulanger, Auchan, ou encore Free. Et les conséquences ne se limitent pas à des risques d’usurpation d’identité : elles entament la confiance dans les services publics et privés.

2. Répression : le coup d’accélérateur de la CNIL

Un volume record de sanctions

Le ton s’est durci. En 2024, 87 sanctions ont été prononcées, pour un montant total de 55,2 millions d’euros d’amendes. À titre de comparaison, la CNIL en avait infligé 21 seulement deux ans plus tôt.

Ce changement s’explique notamment par la procédure de sanction simplifiée, introduite en 2022. Elle permet de traiter rapidement les affaires simples, avec des amendes plafonnées à 20 000 €. En 2024, 69 sanctions ont été prises via cette procédure, soit près de trois fois plus qu’en 2023.

Des contrôles ciblés, appuyés sur l’actualité

Au total, 321 contrôles ont été menés. Ils visent à vérifier que les acteurs ont bien mis en place les mesures de sécurité adaptées, notamment après une violation de données. La CNIL agit à la fois en réaction (suite à des signalements) et en prévention (sur des secteurs stratégiques).

© CNIL

3. La cybersécurité, priorité du plan stratégique 2025–2028

Face à la recrudescence des incidents, la CNIL fait de la cybersécurité un pilier de son nouveau plan stratégique. Elle appelle à un changement de posture de la part des responsables de traitement : l’anticipation des risques devient non seulement une obligation réglementaire, mais un levier de confiance et de résilience.

Des recommandations techniques claires

Parmi les mesures promues par la CNIL :

  • Utilisation systématique de l’authentification multifactorielle
  • Restriction des accès aux systèmes aux seuls terminaux authentifiés
  • Mises à jour logicielles régulières
  • Renforcement des politiques de gestion des mots de passe
  • Sensibilisation des utilisateurs internes aux bonnes pratiques

4. Pourquoi les organisations doivent agir maintenant

Les cyberattaques ne sont plus des scénarios fictionnels. Elles touchent désormais toutes les tailles d’organisation, tous secteurs confondus. Et les manquements — même involontaires — peuvent coûter cher, tant financièrement qu’en termes d’image.

Risques clés pour les entreprises :

  • Perte ou vol de données clients, RH, financières
  • Pertes d’exploitation dues à une indisponibilité système
  • Responsabilité légale et amendes RGPD
  • Rupture de contrat avec des partenaires ou fournisseurs

5. Se mettre en conformité : une urgence stratégique

La mise en conformité RGPD ne peut plus être reléguée à un simple exercice documentaire. Elle doit devenir un véritable pilier de gouvernance numérique, aligné avec les enjeux de cybersécurité, d’innovation et de performance globale.

Et cela commence par des actions concrètes.

✅ Checklist des bonnes pratiques RGPD/cybersécurité

[ ] Mettre à jour le registre des traitements avec les nouveaux flux de données
[ ] Réaliser une analyse d’impact (AIPD) pour les traitements sensibles
[ ] Mettre en place une politique de sécurité adaptée aux risques (authentification forte, filtrage IP, cloisonnement)
[ ] Former les collaborateurs aux enjeux data & sécurité
[ ] Préparer une procédure de notification de violation conforme aux exigences RGPD
[ ] Vérifier la conformité des sous-traitants (clauses contractuelles, certifications, audits)
[ ] Disposer d’un plan d’action en cas de contrôle CNIL

Et maintenant, que faire ?

Les chiffres du rapport 2024 sont clairs : le niveau d’exigence de la CNIL monte, et il ne redescendra pas. Le rythme des sanctions s’accélère, les contrôles se durcissent, et la vigilance citoyenne augmente.

Dans ce contexte, se mettre en conformité — et le rester — demande des compétences, du temps, et une vision claire.

Chez Digitemis, c’est exactement notre mission.

Nos équipes accompagnent les entreprises, collectivités et institutions dans leur conformité RGPD, leur cybersécurité et leur résilience face aux violations de données.

  • Besoin d’un diagnostic RGPD complet ?
  • D’un accompagnement DPO externalisé ?
  • D’une revue de vos pratiques de sécurité ou de vos contrats avec des sous-traitants ?

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FAQ – Questions fréquentes

Pourquoi les violations de données ont-elles augmenté en 2024 ?

Plusieurs facteurs : numérisation massive, sophistication des attaques, et parfois un manque de mesures de sécurité de base.

La CNIL peut-elle sanctionner même en cas de cyberattaque externe ?

Oui. Si l’entreprise n’a pas mis en œuvre les mesures de sécurité appropriées au regard des risques, elle peut être sanctionnée, même si l’attaque vient de l’extérieur.

En quoi consiste la procédure de sanction simplifiée ?

Elle permet à la CNIL de prononcer des amendes plus rapidement sur des dossiers simples, sans passer par la formation restreinte.

Dois-je signaler toutes les violations de données ?

Non, seulement celles susceptibles d’engendrer un risque pour les droits et libertés des personnes concernées. Mais en cas de doute, il vaut mieux notifier.

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