Comment la CNIL redessine la protection des données à l’échelle mondiale : stratégie 2025–2028
Les données personnelles sont devenues l’or du XXIe siècle. Face à une numérisation croissante, à la complexité des flux transfrontaliers et à la montée en puissance de technologies comme l’intelligence artificielle ou l’identité numérique, les défis en matière de régulation ne cessent de croître.
Et dans ce paysage mouvant, une autorité se détache par son ambition et sa vision stratégique : la CNIL. Le 14 avril 2025, la Commission nationale de l’informatique et des libertés a dévoilé sa stratégie européenne et internationale pour 2025–2028. Trois axes majeurs structurent cette feuille de route ambitieuse : fluidifier la coopération européenne, promouvoir des standards internationaux exigeants, et renforcer son influence dans les sphères décisionnelles globales.
Pourquoi cette stratégie marque-t-elle un tournant ? Comment impacte-t-elle concrètement les entreprises, les gouvernements et les citoyens ? Plongée dans un document fondamental pour l’avenir des libertés numériques en France et au-delà.

1. Fluidifier la coopération européenne : vers une application plus rapide et cohérente du RGPD
Une priorité stratégique dans un contexte de bouleversement numérique
Face au paquet législatif numérique européen en pleine mutation, la CNIL cherche à renforcer la fluidité des échanges entre les autorités de protection des données. L’objectif est simple : rendre les mécanismes du RGPD plus efficaces, réactifs et uniformes à travers l’Union européenne.
Cela passe par une coopération renforcée au sein du Comité européen de la protection des données (CEPD) : avis communs, lignes directrices partagées, coordination sur les sanctions.
OBJECTIFS CLÉS
- Accélérer les processus de coopération et de cohérence au sein du CEPD
- Renforcer les actions répressives conjointes sur des dossiers à forts enjeux
- Améliorer l’impact collectif face aux évolutions juridiques, technologiques et commerciales
👉 CHECKLIST POUR LES ENTREPRISES
- Mettre en place un canal de veille sur les nouvelles décisions du CEPD
- Anticiper les sanctions transfrontalières grâce à un plan de conformité RGPD consolidé
- Évaluer sa propre exposition aux procédures coordonnées au niveau européen
2. Défendre un modèle de régulation exigeant au niveau international
Une présence stratégique dans les grandes institutions mondiales
La CNIL est aujourd’hui un acteur central dans de nombreuses enceintes : Conseil de l’Europe, OCDE, Global Privacy Assembly, Groupe des 7, ou encore l’AFAPDP (Association francophone des autorités de protection des données personnelles).
Mais ce n’est pas suffisant.
Sa stratégie 2025–2028 ambitionne d’élargir encore cette présence, en rejoignant des structures clés comme l’ASEAN, l’APEC ou le Global CBPR Forum. L’enjeu ? Exporter le modèle européen et défendre une approche fondée sur les droits fondamentaux.
OBJECTIFS CLÉS
- Faire adopter des standards élevés à l’échelle mondiale
- Aligner la voix de la France avec celle de la CNIL dans les forums internationaux
- Diffuser les valeurs européennes de régulation éthique et protectrice
👉 CHECKLIST POUR LES GOUVERNEMENTS ET INSTITUTIONS
- Intégrer la CNIL dans les processus de positionnement à l’international
- S’aligner sur ses recommandations en matière de transferts de données transfrontaliers
- Prendre en compte le modèle européen comme base de discussion dans les forums multilatéraux
3. Consolider l’influence stratégique de la CNIL sur la scène européenne et mondiale
Innovation et protection : un équilibre stratégique à défendre
Cet axe transversal vise à soutenir les deux premiers. Il s’agit de renforcer les alliances, de consolider une doctrine juridique cohérente, et de faire entendre une voix forte dans les débats technologiques majeurs (intelligence artificielle, cryptographie, cybersécurité).
La CNIL ne veut pas simplement suivre les tendances. Elle veut les anticiper, les encadrer, et y inscrire une exigence éthique.
OBJECTIFS CLÉS
- Suivre et anticiper les pratiques numériques à l’échelle mondiale
- Définir une doctrine forte sur les transferts internationaux de données
- Renforcer les partenariats avec les autres autorités de protection des données
👉 CHECKLIST POUR LES DPO ET DIRECTIONS JURIDIQUES
- Cartographier les flux de données transfrontaliers dans l’entreprise
- Se préparer à de nouvelles doctrines sur les transferts internationaux (post-Schrems II)
- Participer à des groupes de travail ou webinaires CNIL pour suivre les évolutions doctrinales

Ce que cela change concrètement pour les entreprises françaises et européennes
La stratégie 2025–2028 n’est pas qu’un document de principe. Elle amorce un virage concret dans la manière dont les autorités traiteront les dossiers complexes, en particulier ceux impliquant plusieurs juridictions.
Les entreprises doivent donc s’attendre à :
- Plus de coordinations transfrontalières
- Davantage de sanctions conjointes ou coordonnées
- Une attention accrue sur les pratiques d’innovation en matière de données
- Une exigence de transparence renforcée pour les projets intégrant de l’IA, de l’analyse prédictive ou de la cybersécurité
C’est aussi une opportunité : en s’alignant sur les standards européens promus par la CNIL, les entreprises peuvent accéder plus facilement à des marchés internationaux en pleine harmonisation réglementaire.
Vers une régulation proactive, lisible et stratégique
Ce plan ne repose pas uniquement sur la défense d’un statu quo. Il assume la nécessité d’un dialogue entre innovation et protection, en opposition aux visions liberticides ou purement sécuritaires.
Il vise aussi à faire de la CNIL un acteur de premier plan dans la définition des normes numériques globales, notamment dans les pays émergents qui cherchent encore leur modèle de régulation.
Et maintenant, que faire ?
Avec sa stratégie 2025–2028, la CNIL affirme une ambition claire : porter une vision européenne, éthique et exigeante de la régulation des données personnelles, dans un monde où l’innovation technologique évolue plus vite que les normes.
Elle ne cherche pas à freiner l’innovation, mais à l’encadrer intelligemment. Elle ne s’isole pas, elle construit des ponts — entre autorités, entreprises et citoyens.
Pour les organisations, cette feuille de route est bien plus qu’un document institutionnel : c’est un signal. Le niveau d’exigence va augmenter, les contrôles se renforcer, la coopération transfrontalière s’intensifier. Anticiper ces évolutions, c’est déjà se mettre en position de force.
C’est précisément ce que permet Digitemis. Nos experts accompagnent les organisations publiques et privées dans leurs enjeux de conformité, de gouvernance et de sécurité des données personnelles.
Qu’il s’agisse de réaliser un diagnostic RGPD, de cartographier les flux de données, de structurer une feuille de route de conformité, ou de bénéficier d’un accompagnement sur mesure (y compris via un DPO externalisé), nous vous aidons à bâtir une stratégie robuste et adaptée à votre contexte.
Vous avez un projet, une mise à jour de documentation, ou un besoin de montée en compétence interne ?
Contactez-nous pour sécuriser vos traitements, renforcer votre gouvernance et inscrire vos pratiques dans le cadre européen en pleine évolution.
FAQ
Qu’est-ce que le CEPD ?
Le Comité européen de la protection des données (CEPD) est l’organe chargé d’assurer une application cohérente du RGPD dans toute l’Union européenne. Il regroupe les autorités nationales (dont la CNIL) et prend des décisions communes.
Qu’est-ce que le « paquet numérique européen » ?
Il s’agit de l’ensemble des nouvelles réglementations européennes en matière de numérique, incluant le DSA (Digital Services Act), le DMA (Digital Markets Act) ou encore l’AI Act. Ces textes modifient profondément le cadre réglementaire en Europe.
En quoi cette stratégie impacte-t-elle les entreprises françaises ?
Elle renforce la coopération entre autorités européennes. Cela signifie que les contrôles, sanctions et recommandations seront de plus en plus harmonisés. Les entreprises doivent s’assurer d’une conformité RGPD solide et documentée.
Est-ce que la CNIL influence les décisions internationales ?
Oui, elle participe activement à des instances internationales et cherche à exporter le modèle européen de protection des données personnelles. Cela permet d’aligner les standards dans différents pays.
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